Dupont Lajoie

Je découvre ce film dans le nord de la France. Je dois avoir 12 ans et je le prend de plein fouet. C'est un film français réalisé par Yves Boisset en 1974 et sorti en salles en 1975. Le film est adapté en roman la même année. Une dénonciation remarquable et une bonne préparation au monde de Chabrol. Prise de conscience et en même temps l'idée que cela ne peut pas m'arriver. Mes parents ont une expression pour définir l'immigré qu'il ne faudra pas être, le Rhoroto avec un Rh qui ressemble au J des espagnols et un r roulé comme sait le faire Enrico Macias dans El porompompero. Et moi je ne pouvais pas être un rhoroto...

1986 Malik Oussekine

Dans la nuit du 6 au 7 décembre 1986 à Paris, en pleine répression du mouvement étudiant/lycéen, Malik Oussekine, 22 ans, était matraqué à mort, dans le hall d’un immeuble parisien où il s’était réfugié, par deux policiers « voltigeurs » motocyclistes.

Les étudiants, et les lycéens, dénonçaient le projet de loi Devaquet instaurant la sélection à l’entrée de l’université. Le mouvement est marqué par une forte répression policière. De graves affrontements ont lieu en marge des manifestations, faisant des dizaines de blessés dont plusieurs gravement atteints.

À Paris, à la suite d’une manifestation pacifique arrivée à la Sorbonne, au quartier latin, les “voltigeurs” prennent en chasse les jeunes qu’ils croisent. Malik Oussekine, un étudiant marocain de 22 ans, qui semblait s'être tenu à l’écart du mouvement, sort de son club de jazz favori. Il est minuit. Des “voltigeurs” le remarquent et se lancent à sa poursuite. Malik Oussekine se met à courir. Un témoin qui rentrait chez lui, Paul Bayzelon, fonctionnaire au ministère des Finances, habitant l’immeuble, au 20 rue Monsieur le Prince (6e arrondissement), a déclaré :

« Je rentrais chez moi. Au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d’un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte. Deux policiers s’engouffrent dans le hall, se précipitent sur le type réfugié au fond et le frappent avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. La victime se contentait de crier : “je n’ai rien fait, je n’ai rien fait” ».

Paul Bayzelon a dit avoir voulu s’interposer mais s’être fait lui aussi matraquer jusqu’au moment où il a sorti sa carte de fonctionnaire. Puis les policiers sont partis laissant Malik Oussékine sur le carreau.

Peu après le Samu arrive sur place. Ils apportent les premiers soins à Malik Oussekine et le transportent à l’hôpital Cochin où il est mort des suites du tabassage de la police.

 

Quatre ans après les policiers en causes sont condamnés à des peines de prison avec sursis.

A aucun moment Charles Pasqua alors ministre de l’intérieur ne condamnera les faits et pire Robert Pandraud ministre délégué de la sécurité public déclara dans un entretien au journal Le Monde "Si j'avais un fils sous dialyse, je l'empêcherais de faire le con la nuit (...) Ce n'était pas le héros des étudiants français qu'on a dit", sous entendant qu'il était irresponsable d'aller dans un club de Jazz.

 

Cette affaire est devenu le symbole des violences policières à l'encontre des minorités visibles