Représentativité de nos élus

« Là où il n’y a pas égalité de représentation, on peut poser hardiment en fait qu’il n’y a pas de démocratie. L’essence de la démocratie, c’est l’égalité » disait Louis Blanc

En quoi la diversité de notre population, est elle représentée par nos deux assemblées (Sénat et Assemblée Nationale).? Si nous élargissions la question aux maires de nos villes? Pour répondre un tant soit peu à cette question il va nous falloir déjà connaitre la composition de notre belle nation et peut être confronter nos représentations à la étude froide et scientifique des recensements.

Pour se faire je me suis appuyé principalement sur l'excellent travail d'Eric Keslassy: "Une Assemblée nationale plus représentative ? Mandature 2017-2022 Sexe, âge, catégories socioprofessionnelles et « pluralité visible ». 

  • Pour l'age?  

Clairement non. En effet 0,35 % de députés ont moins de 30 ans quand les 20-30 ans représentent 12,4 % de la population. Cependant rien d’étonnant puisque « l’expérience politique accumulée au fil des années est toujours une donnée importante » pour être élu, souligne le sociologue. On peu néanmoins noté une décroissance de l'age moyen depuis 2012,  avec un age passant de 55,1 ans à 48,8 ans. 

Selon lui " Il y a donc 27 fois plus de députés de moins de 30 ans en 2017 qu’en 2012. Le document 4 montre également que la tranche d’âge la plus fournie est désormais celle qui va de 50 à 60 ans (32, 41 %) et non plus celle qui s’étend de 60 à 70 ans (dont le poids se réduit de 32,8 % à 14,73 % entre 2012 et 2017). Le bouleversement politique occasionné par les élections de 2017 a donc généré un rajeunissement significatif de l’Assemblée nationale. En conséquence, l’âge moyen des députés se rapproche même de l’âge moyen des Français (41,2 ans)."


  • Le sexe?

Non, les femmes ne sont toujours pas suffisamment présentes : "si leur proportion a atteint un nouveau record en 2012 (153 élues, soit 26,5 %), elle reste encore loin de la réalité de la population (51,5 % de femmes au 1er janvier 2012). Un déséquilibre qui perdurera tant que la parité ne sera pas obligatoire", selon Eric Keslassy.

Il apparaît que les amputations de subvention en cas d'écart vis à vis de la parité (moins de 2% de différence) ont clairement permis une majoration du nombre de candidature et donc d'élection.

"Aujourd’hui, sur 577 députés, 225 sont des femmes (contre 153 en 2012). Et la part des femmes dans l’hémicycle s’approchent de 40 % "


  • Une représentativité socio-économique?

"L’élite politique, les députés se puisent toujours très majoritairement dans l’élite socio-économique....  On espérait toutefois que le projet de LREM de renouveler le vie politique en faisant appel à des candidats issus de la « société civile » pouvait générer une représentation nationale davantage conforme aux équilibres socio-économiques de la population.... Plus de trois quarts des députés relèvent de cette profession et catégorie socioprofessionnelle (PCS). La surreprésentation de cette élite socio-économique par rapport à son poids dans la population active occupée reste écrasante".

  • Les minorités visibles ?

Le sociologue écrit: "« la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. » Par conséquent, les statistiques ethno-raciales y sont très strictement encadrées. Il existe pourtant au moins deux champs fondamentaux de la société – en ce qu’ils sont porteurs de symboles et de la nécessité d’être exemplaires – devant être considérés comme spécifiques sur cette question : les médias et la vie politique." Il poursuit "  Dans notre esprit, les « minorités visibles » regroupent toutes les personnes qui sont issues d’une immigration non-européennes et celles qui sont originaires des DROM-COM. Pour mesurer les avancées de la « pluralité visible » à l’Assemblée nationale, nous utilisons ensuite une méthode d’identification qui s’appuie sur trois critères : a) le patronyme (nom et prénom) b) la photographie c) le lieu de naissance (ou celui des ascendants). Avec les résultats livrés dans le document 8, nous observons une progression réelle de la « pluralité visible » dans l’actuelle Assemblée nationale....  Et au total, aujourd’hui, il y a plus de trois fois plus de députés relevant de la « pluralité visible » dans l’hémicycle qu’en 2012, 6,18% au lieu de 2%.... Évidemment, si l’on considère le poids des « minorités visibles » dans la population française – qui s’élèverait à 11 % – il subsiste toujours une sous-représentation de la « pluralité visible » à l’Assemblée nationale."

Qu'en est il des élections régionales?

Voici une analyse d'Eric Keslassy. "Le constat qui s’impose, au vu du résultat global, est cependant nuancé. S’il est sans aucun doute meilleur qu’en 2004, le bilan d’ensemble reste

cependant assez modeste. Sur les 1722 conseillers régionaux métropolitains, seuls 92 appartiennent aux minorités visibles. Par conséquent, le poids des minorités visibles dans le total des élus des conseils régionaux métropolitains –5,34 % – est bien éloigné de la réalité sociologique présumée de cette catégorie de la population française...

La région  francilienne est sans conteste celle qui a réalisé l’effort le plus conséquent en matière de représentation politique des minorités visibles. Dans une moindre mesure, les résultats des régions qui se trouvent

au-dessus de la «moyenne nationale » sont les suivantes : PACA (neuf élus ; 7,32 %), Bourgogne (cinq élus ; 7,02 %), Alsace (trois élus ; 6,38 %), Auvergne (trois élus ; 6,38 %) et Picardie (trois élus ; 5,26 %). Les régions aux résultats très faibles (seulement un ou deux élus) sont plus nombreuses : Aquitaine, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Limousin, Haute-Normandie, et Poitou-Charentes. S’ajoutent à cette liste six autres régions qui obtiennent des résultats faibles, au regard notamment de la composition 0sociologique présumée de leur population : Aquitaine (un élu ;1,18 %), Languedoc-Roussillon (deux élus ; 2,98 %), Lorraine (deux élus ; 4,11 %), Midi-Pyrénées (trois élus ; 3,3 %), Nord Pas-de-Calais (trois élus ; 3,54 %) et Rhône-Alpes (neuf élus ; 5,34%)."

Pour les élections municipales sur les statistiques du feu Haut conseil à l'Intégration, en 2001 sur 987 mairie une seule était tenu par un maire présentant une origine non européenne, contre 4 en 2008... si on se concentre sur la totalité des élus c'est à dire maire, adjoints ou conseillers, on retrouve en 2001, 1 069 personnes d'origine non européenne apparente sur un total de 33 649, contre 2 343 sur 35 070 en 2008. Pour 2014 avec quatre maires dans les 260 villes de plus de 30.000 habitants, l'accession des minorités visibles à la tête des municipalités reste marginale mais leurs représentants ont limité la casse face à la vague bleue qui a emporté nombre d'élus de gauche. Il existe 50 villes qui ne présente aucun membres de minorités visibles dans leur exécutifs. Ci-contre la carte de 2014...