1995, l'année noire de la violence raciste. Sept meurtres à caractère xénophobe ont été recensés en France l'an dernier.

Article de libération du 21 mars 1996

 

"Un jeune Comorien tué d'une balle dans le dos à Marseille, un Marocain précipité dans la Seine, à Paris, le jour du 1er Mai, un Tunisien noyé dans le port du Havre, un Algérien poignardé à Cherbourg, un Maghrébin battu à mort à Bayonne, un Marocain assassiné à Saint-Etienne d'une balle dans la tête. Ce dernier, peintre-plâtrier, a été abattu en sortant d'une mosquée. Son meurtrier s'est déclaré «excédé par les Arabes».

Avec la mort d'une personne de confession israélite, étranglée en Gironde par un sympathisant du Parti national français et européen (PNFE), la liste publiée par la Commission nationale consultative des droits de l'homme chiffre à sept le nombre des actes de violence meurtrière à caractère raciste commis en France en 1995. Sept morts, contre un seul en 1994, après trois années sans crime raciste: le bilan 1995, constate la commission, «ramène à plus de dix ans en arrière»...

...Partout les opinions xénophobes se sont banalisées, atteignant des couches de plus en plus larges de la population. Le sondage réalisé par l'institut CSA à la demande de la commission montre que l'antipathie à l'égard des Maghrébins est affirmée par 45% des personnes sondées, contre 42% en 1994, et 39% en 1990.

Pour la première fois, l'enquête a mesuré le poids du racisme en le comparant avec la proportion de la population étrangère résidant dans la commune où habite la personne sondée. Le taux de ceux qui disent «il y a trop d'Arabes en France», «on n'est plus chez nous», atteint 76% dans les communes sans étrangers, mais 45% là où un habitant sur dix est étranger. Bref, la xénophobie est d'autant plus grande qu'il n'y a rien pour la nourrir. «Les réponses évoquées invalident à l'évidence la thèse dite du seuil de tolérance. Elles plaident même en sens inverse», remarque la commission, qui se garde cependant d'en tirer une conclusion «trop rapidement optimiste»: «la montée du racisme et de la xénophobie depuis une quinzaine d'années l'interdit»...

... L'immense majorité de ce racisme vise les Maghrébins. Septembre a amorcé la hausse de ces manifestations, qui se sont amplifiées en octobre et novembre, avec une explosion sur deux mois de 322% au moment de la série d'attentats perpétrés sur le sol français.

... La commission note une recrudescence «spectaculaire, (...) à l'ampleur jamais égalée tant en volume qu'en diversité géographique». Car les auteurs des libelles trouvent de nouvelles formes de diffusion. En plus des envois postaux ou des dépôts dans les boîtes aux lettres, tracts ou documents sont retrouvés sur les pare-brise des voitures, ou, par paquets, dans les cabines téléphoniques, les bureaux de postes, les entrées de supermarchés.

Principaux responsables: les milieux skinheads, auteurs d'une part notable de la violence raciste, et les militants du Front national. Le 24 avril à Montpellier, un collègien d'origine marocaine est blessé à coups de poing et de cutter. Ses quatre agresseurs criaient: «15%. Vive Le Pen.» La veille, le parti d'extrême droite avait atteint ce score historique au premier tour de l'élection présidentielle."

 

Brigitte VITAL-DURAND

1997 mise en garde à vue.

Dans ce contexte, cette ambiance, difficile de penser que ma mise en garde à vue n'ait rien à voir avec mes origines. En effet en octobre 1997, je suis mis en garde à vue à partir d'un portrait robot avec comme spécification une taille de 1m90, une corpulence moyenne et des yeux sombres. Tout moi. Interne à Angoulême, je suis alors suspecté d'avoir commis une violente attaque devant témoin sur une personne âgée dans une poste de village (Saint-Aigulin) dans le but de lui voler 3000 francs. Je dois mon salut à un "pas assez bien habillé" du témoin d'une scène s'étant déroulée une année plus tôt. Les gendarmes ont probablement eu une information de certains fonctionnaires avec qui je partageais la cage d'escalier, car le portrait robot n'était pas accessible au public. Seuls des personnes habilité à rentrer au commissariat pouvait voir l'affiche "wanted". J'habitais une cité administrative ou résidait une grande partie de fonctionnaires de police et j'avais dans l'année dérangé la police lors d'une garde pour une ivresse publique manifeste. J'avais osé donner un ordre à un policier.

En tant qu'étudiant j'avais déjà un différentiel de traitement avec les forces de l'ordre avant et après que je fournisse mes papiers. Mon véhicule appartenait à un certain Rachid qui se trouve être mon père préféré et le détenteur de la carte grise.

J'étais aussi le seul à qui on demandait une pièce d'identité pour avoir accès à la salle d'examen.

A l'époque je me disait que j’étais mal tombé, que je faisais mon parano...