Syntax Error

Alors si tout cela ne marche pas quel est le bug dans notre société? Quelle la syntax error qui ne permet pas de mettre de l'huile dans les rouages?

Comment dans d'autres pays des minorités visibles ont réussi à se sortir de leurs impasses?

Mouvement afro-américain des droits civiques.

Le NAACP

En 1905, un groupe de 29 notables afro-américains se réunit pour débattre des problèmes des "gens de couleurs ", plus particulièrement de promouvoir le droit de vote des noirs américains des états du sud qui avaient créés un régime ségrégationniste depuis 1890. L'intellectuel William Edward Burghardt Du Bois, diplômé de l'Université de Harvard, réunit le groupe du coté canadien des chutes du Niagara car les hôtels refusaient d'accueillir des noirs aux Etats Unis. C'est la raison pour laquelle on appellera ce groupe le "Niagara movement".

Le 30 mai 1909 à New York la première assemblée du National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) a lieu associant également des progressistes blancs. En fait, à sa fondation, la direction de la NAACP ne compte qu'un seul afro-américain, William Edward Burghardt Du Bois et un bon nombre d'intellectuels juifs blancs. Du Bois lance en novembre 1910, l'organe de presse du mouvement, The Crisis,. Le principal mode d'action de cette association est l'action judiciaire, soit auprès de tribunaux locaux soit auprès de la cours suprême. Parmi les victoires on note:

  • Décision retentissante de la Cour suprême dans le cas Moore vs Dempsey), en 1923, qui étend de manière significative le contrôle exercé par les cours fédérales sur la justice criminelle des États.
  • 1954, la Cour Suprême rend une décision unanime dans l'affaire Brown v. Board of Education qui déclare inconstitutionnelle la ségrégation dans les écoles élémentaires subventionnées par l'État.
  • La NAACP continue à utiliser la décision de la Cour Suprême dans l'affaire Brown, en 1954, pour pousser à la déségrégation des écoles et des services publics à travers tout le pays.
  • Daisy Bates, qui préside la section locale de la NAACP dans l'état de l'Arkansas, dirige la campagne pour l'intégration de neuf élèves noirs au lycée de Little Rock, en 1957, neuf élèves qui resteront dans l'histoire américaine comme "les neuf de Little Rock".

Rosa Parks et Martin Luther King

"Dans les bus de Montgomery, les quatre premiers rangs étaient réservés aux Blancs. Les Noirs, qui représentaient 75 % des usagers, devaient utiliser les places à l'arrière du bus. Ils pouvaient néanmoins s'asseoir dans la zone centrale, jusqu'à ce que des Blancs en aient besoin ; ils devaient alors soit céder leur place et aller vers le fond, soit quitter le bus. Si les places centrales étaient occupées, les Noirs devaient tout de même acheter leur billet à l'avant, mais devaient ressortir du bus avant de rentrer par la porte arrière pour rejoindre les emplacements qui leur étaient destinés. Pendant des années, la communauté noire se plaint de la situation et Mme Parks ne fait pas exception : « Ma résistance à ces mauvais traitements dans le bus n'ont pas commencé avec cette arrestation. J'ai fait beaucoup de marche à pied à Montgomery. » ... "Mme Parks en fait une expérience publique un jour pluvieux de novembre 1943, quand le chauffeur de bus James Blake, comme à son habitude, lui demande de payer sa course à l'avant, redescendre et de remonter par la porte arrière. Voyant que du monde gêne l'accès par l'arrière, elle décide d'aller directement vers le fond. Blake furieux, la main sur son revolver, l'empoigne pour la ramener vers l'avant. Elle laisse alors tomber intentionnellement son sac à main et s'assied un instant sur un siège réservé aux passagers Blancs pour le récupérer. Blake lui laisse à peine le temps de descendre du bus, qu'il redémarre. Rosa Parks marche plus de huit kilomètres sous la pluie. Le après son travail, elle prend le bus vers 18 heures. Alors qu'elle s'est assise au milieu, quatre personnes blanches montent à l'arrêt devant l’ Empire Theater mais il n'y a de places assises que pour trois passagers. Le quatrième le signale à Blake qui demande aux Noirs d'une rangée du milieu de la zone du milieu d'aller à l'arrière. Ces derniers refusent puis finalement les trois hommes noirs obtempèrent mais Rosa reste dans cette rangée, acceptant uniquement de se déplacer à droite près de la fenêtre. Blake, furieux qu'elle refuse de se déplacer dans la colored section, descend du bus et appelle son chef qui lui demande de faire venir la police. Elle est arrêtée, emmenée au poste de police de l'hôtel de ville puis transférée à la prison. Elle prend contact avec l'avocat Edgar Nixon, membre du chapitre de Montgomery du NAACP, une des principales associations de défense des droits des Noirs américains. Bien que furieux du traitement réservé à Mme Parks, il voit tout de suite l'intérêt symbolique du combat à mener. Il appelle un avocat blanc, Clifford Durr, qui accepte de contester la loi sur la ségrégation dans les bus. Ils la font libérer le lendemain soir"

Martin Luther King originaire d'Atlanta, pasteur de l'église baptiste de l'avenue Dexter à Montgomery, en lien avec le NAACP mène le boycott des bus qui va durer 382 jours. Les boycotteurs sont souvent attaqués physiquement mais l'ensemble des 40 000 Noirs de la ville continuent de marcher, parfois jusqu'à 30 km, pour rejoindre leur lieu de travail. Le boycott se termine par une décision de la Cour suprême des États-Unis le 21 décembre 1956 déclarant illégale la ségrégation dans les autobus, restaurants, écoles et autres lieux publics. Le pasteur inconnu à l'époque sera arrêté, sa maison attaquée par une bombe incendiaire, quatre

églises brûlées. En 1957, il joue un rôle capital dans la fondation de la Southern Christian Leadership Conference (SCLC), « Conférence des dirigeants chrétiens du Sud »), dont il est élu président et le reste jusqu'à sa mort. La SCLC est une organisation pacifique qui participe activement au Mouvement pour les droits civiques en organisant les églises afro-américaines pour conduire des protestations non-violentes.

En  1963 aprés la campagne de Birmingham ayant montrer la violence ségrégationnistes de certains lieux aux USA, même vis à vis d'enfants pacifiques, il obtient avec son organisation une audience médiatique avec la une du magazine Life.

Robert Kennedy envoie la Garde nationale pour éviter tout débordement le 13 mai, à la suite de deux attentats à la bombe contre un hôtel où avait résidé Martin Luther King et contre la maison du frère de celui-ci, attentats qui avaient dégénéré en manifestations contre les policiers. Le 21 mai le maire démissionne, le chef de la police est renvoyé et en juin toutes les pancartes ségrégationnistes sont enlevées et les lieux publics ouverts aux Noirs.

Fort du succès de Birmingham  Asa Philip Randolph, fondateur du premier syndicat noir, James L. Farmer, Jr. (président du Congress of Racial Equality), John Lewis (président du Student Nonviolent Coordinating Committee)1, Martin Luther King (président du Southern Christian Leadership Conference)1, Roy Wilkins (président de la NAACP)1, Whitney Young (président de la National Urban League) et Bayard Rustin, qui avait déjà organisé la Journée de la réconciliation de 1947 se lance dans l'organisation de La Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté (en anglais March on Washington for Jobs and Freedom)  qui se déroula à Washington DC le 28 août 1963.

Grâce à cette marche, où Martin Luther King prononce son célèbre discours, I have a dream, le 28 août 1963, pousse JF Kennedy à proposer une loi pour les droits civiques au congrès.

Le 3 juillet 1964  le Civil Rights Act (plusieurs lois américaines portent ce nom) , signé par, Lyndon Baines Johnson, déclare illégale la discrimination reposant sur la race, la couleur, la religion, le sexe, ou l’origine nationale. Ainsi la discrimination dans les bâtiments publics, dans l’administration et les emplois était abolie. Cependant dans le sud les ségrégationniste empêchaient l'évolution imposée par la loi. Le 26 février 1965, lors d'une manifestation pacifique contre les obstacles mis à l'inscription sur les listes électorales à Marion (Alabama), le militant Jimmie Lee Jackson est abattu par un policier. Il est alors décidé de lancer une marche entre Selma et Montgomery.

Le 7 mars 1965, (Bloody Sunday) lors de la première de ces trois marches, menée par Hosea Williams et John Lewis, 600 manifestants pour les droits civiques sont attaqués par la police locale (sous les ordres du sheriff Jim Clark) avec des matraques et du gaz lacrymogène. Les images de près de 70 blessés et d'Amelia Boynton Robinson, tombée sous les coups des policiers, et inanimée sur le pont Edmund Pettus, font le tour du monde. La deuxième marche a lieu le mardi 9 mars 1965, en présence cette fois de Martin Luther King. C'est le « turnaround Tuesday », car le cortège a fait demi-tour en arrivant sur le pont Edmund-Pettus. "À la suite de la seconde marche, trois pasteurs Unitariens blancs, qui avaient répondu à l'appel de Martin Luther King, furent attaqués en pleine rue à Selma par des membres du Ku Klux Klan. Le pasteur James Reeb, originaire de Boston, est le plus sévèrement blessé des trois, décédera quelques jours plus tard de ses blessures, à l'hôpital de Birmingham. A la troisième marche le cortège arrive à Selma". Viola Luzzo une militante blanche des droits civiques est assassiné par le KKK.

Malcom X

Malcolm Little est le fils de Earl Little, charpentier, prêcheur baptiste,  également membre de l'UNIA (Universal Negro Improvement Association) et de Louise Little. Il est né en 1925 dans cette famille modeste et engagée,  à Omaha (Nebraska), peu de temps avant la mort suspecte de son père (écrasé par un tramway). Après une scolarité exemplaire il sombre dans la délinquance, et après un passage par Boston, New York, il est rapidement incarcéré. C'est en prison qu'il dévore les livres de la bibliothèque. Il y porte le surnom de "Satan" du fait de sa haine de l'église catholique. Il découvre par ses frères, Nation Of Islam (NOI), une secte nationaliste noire musulmane. Il correspond régulièrement avec le guru de l'époque Elijah Muhammad. A sa sortie de prison il devient un prêcheur de plus en plus célèbre jusqu'à ce qu'il devienne connu nationalement après une émission de télévision locale consacrée à Nation of Islam, "The Hate That Hate Produced", diffusée en 1959.

La position de Malcom X s'oppose clairement au mouvement universaliste non-violent mené par Martin Luther King, chrétien revendiqué et le NAACP, de longue date soutenu par le congrès juif américain. Il prône le séparatisme et le repli identitaire, organise un groupe paramilitaire et se fait le chantre de l'apologie de la haine des blancs. Il engage les noirs à ne pas participer à la guerre du Vietnam, rejoignant ainsi le début de la protestation Hippie.

Il influence notamment Cassus Clay qui s’appellera Muhammad Ali après sa conversion et reprendra le discours de Malcom X. Il trouvera en ce boxeur un excellent relais à son discours agressif vis à vis des blancs. 

Après une séparation d'avec NOI et la création de sa propre église affiliée à l'islam orthodoxe sunnite, il rallie pour représenter sa vision politique, le mouvement des droits civiques. Malgré son assassinat, il aura influencé les groupes radicaux noirs américains.

Les Blacks Panthers reprendront les thématiques séparatistes de Malcom X, se constituant en milice de surveillance de l'action de la police, de pression politique voire d'action armée, ce qui valut l'assassinat ou de lourde peine à leurs membres. 

 

Émeutes de Stonewall et marche des fiertés.

En parallèle avec la lutte pour les droits civiques les homosexuels américains font le constat d'une homophobie d'état constante à leur égard. A l'époque il n'existait peu de bars ou de boites destinés à un public gay en effet, il était interdit de servir des boissons alcoolisées aux homosexuels, de danser entre hommes ou de se travestir.

Dans le quartier de Greenwich Village  à New York., existait un bar, la  Stonewall Inn, tenu par la mafia où se retrouvait le public gay, travesti, transgenre. Le  28 juin 1969 alors que d'habitude les raids de la police intervenait tôt pour permettre au bar de poursuivre la soirée, huit policiers arrive à 1h30. Très rapidement tout dégénère, entraînant l’affrontement de près de 2000 personnes contre 400 policiers arrivés sur place. Les forces de police anti-émeutes durent intervenir en vain et le calme ne revint que 5 jours après.

Il existait déjà une association gay la Mattachine Society, qui organisait un défilé le jour de l'indépendance devant le capitole avec comme optique de cacher le plus possible les homos les plus voyants. Avec Brenda Howard, Craig Rodwell crée le Gay Libération Front, puis la gay activist alliance, et enfin le comité d'organisation du Christopher Street Liberation Day. La première marche a lieu le 28 juin 1970 simultanément à New York, Los Angeles et San Fransisco. Les slogans Come Out », « Gay Pride », « Gay is Good » et  « Gay Power » naissent dans la foule LGBT. C'est la naissance de la Gay Pride qui s’étendra en Allemagne d'abord puis dans tous les pays occidentaux.

Alors où est l'erreur

Au vu de ce que je viens d'exposer plusieurs différences sautent aux yeux.

D'abord le racisme qui s'exprime en France est illégal. En d'autres termes, il n'existe pas de loi racistes. La constitution de la république empercherait cela. Cependant ne nous en déplaise, il existe une discrimination d'état, voire un racisme d'état. C'est à dire que les institutions chargée de le condamner (justice et police) le tolère sans sourciller, voire réprime toute personne susceptible de le dénoncer en son sein. Ainsi le combat qui consiste à obtenir des droits civiques ne peut avoir lieu. La voie du NAACP, du SCLC très légaliste ne peut être emprunté par ceux qui souhaitent combattre les discriminations.

Des marches contre le racisme ont déjà eu lieu mais elles n'ont pas permis l'émergence de "Martin Luther King". C'est même le contraire. parmi les marcheurs de 1983 il y avait Farid Arar, Djamel Atallah, Toumi Djaïdja, Patrick Henry, Farid Lahzar, Brahim Rezazga, Farouk Sekkai, Toufik Kabouya, Kheira Rahmani, Abdessatar, dit « Amstar » - tous originaires des Minguettes - ainsi que le pasteur Jean Costil, les prêtres catholiques Christian Delorme et René Pelletier, Fatima Mehallel, Marie-Laure Mahe, Didier Platon. Aucun ne va être à l'origine d'un mouvement politique d’influence. Pire encore, ce mouvement n'arrivant pas à se fédérer va vite être récupéré pour mieux être tué dans l’œuf par SOS racisme, une organisation proche du Parti socialiste dont aucun des membres créateurs n'est issue réellement de l'immigration et des banlieues. Ainsi le seul moyen d'exprimer des revendications liés à ces discriminations ne peut passer que par des partis qui n'ont pas vraiment laisser de place à la diversité et qui ont même plutôt instrumentalisé l'immigration à des vues purement électoraliste. Ainsi lors des insurrections régulières, par des émeutes on réfutera régulièrement le caractère raciale, pour les définir commodément comme l'expression d'un malaise sociale. Pendant des années,  le modèle de l’assimilation fige toute évolution. "La référence au «modèle d’intégration républicain» marque une avancée tout en devenant un mythe; il repose implicitement sur l’accusation d’un «défaut d’intégration» des immigrés et de leurs enfants qui n’ont que faire de s’intégrer puisqu’ils le sont à l’évidence par leur nationalité, les valeurs universalistes qui sont les leurs et leur style de vie (Simon, 2002)."

La structuration politique des mouvements américains va s’appuyer pour le NAACP par le soutien des juifs américains. En effet, eux mêmes sont victimes d'un antisémitisme très violent: interdiction faite aux juifs d’intégrer la fonction publique au XIX éme siècle, numerus clausus d'entrée en fac dans les universités d’Amérique d'avant guerre. Pour Le SCLC le support théorique est celui des églises chrétienne, et pour Malcom X  l'islam... Ainsi aux USA les trois grandes religions monothéistes ont construit l'organisation politique de la lutte. Assez paradoxalement la colonne vertébrale confessionnelle de ses associations a permis de s'émanciper d'une vision cultuelle de la société. L'ensemble des mouvements convergèrent vers une organisation politique plutôt universaliste (même Malcom X s'y ralliera). Comme en France la construction culturelle ne permet pas que des organisations cultuelles aient une influence politique, cette voie n'a pas pu être prise.

Je pense que la façon dont les populations immigrées issues des quartiers ont eu de s'émanciper du piège mortel de la ghettoïsation géographique, politique et culturelle, a été de se replonger dans les racines originelles, d'une identité fantasmée. Alors même que les origines majoritairement nord africaine, maghrébine, de ces populations auraient pu les replonger vers deux pharaons maghrébins (XXII ème dynastie numide), un grand penseur de la chrétienté (Saint Augustin), un empereur romain (Septime sévère) et une Omeîade Arabo-andalouse reliant les deux cotés de la méditerranée et restituant le savoir antique qu'elle avait conservé. Non, c'est par la négation de notre occidentalité, et la reconnaissance de l'hégire comme seule racine que mes congénères choisirent pour se représenter. 

Comme l'union des forces pendant la guerre d'Algérie entre l'ALN et le MNA n'avait pu se faire que sous la bannière de l'islam,  les enfants d'immigrés pour exister dans cette république brandisse l'Islam. Un peu comme la Gay Pride expose fièrement ce que le groupe LGBT estime être constitutif de son existence, les minorités visibles de ce pays expose fièrement leurs attributs islamistes, en revendiquant faire partie de la famille France.

Et plutôt que de reconnaître cette particularité, l'état à travers ses institutions se referme sur une exclusion  identitaire, sous la forme d'un si tu veux être français soit chrétien et mange du porc... Cette incapacité qu'a notre état a accepté comme sien des personnes qu'il a lui même défini comme non assimilable, alors qu'ils avaient fait l'effort de l'être (pas d'islamiste dans la marche des beurs...) est extrêmement risqué, car cela radicalise des personnes qui cherchent juste à être considéré, comme il sont: c'est à dire RESPECTABLE.